Vers Merville par la côte

Soyez prévenus lecteurs, pour cette expédition, j’ai eu l’honneur de rouler en compagnie d’une invitée spéciale, surnommée en son pays Tarmac Terror ! La terreur du bitume qui se cache derrière ce nom de guerre n’est autre que ma petite soeur, en visite pour quelques jours en Normandie.

Ayant décidé de profiter du moindre moment d’été indien pour réchauffer nos adducteurs, nous sommes parties pour un tour express en vélo et footbike, assez impatientes de voir comment fonctionnerait le duo. Il faut dire que la petite expérience du dimanche précédent, location d’un Veol (vélo publique de la ville) dont les vitesses ne fonctionnaient plus, avait instillé un doute inattendu quant à la possibilité de rouler à peu près en rythme, avec nos deux montures dépareillées. Tarmac Terror n’avait pu montrer, de sa panoplie d’attaques bien fournie, qu’une botte secrète de premier recours : pédaler dans le vide.

Cette fois-ci, après acquisition d’une bicyclette digne de ce nom, nous nous sommes lancées direction « la mer », sachant que ce serait probablement mon tour de jeter quelque esbroufe en chemin. Vite rassurée sur l’efficacité réelle de ses jambes, Tarmac Terror s’est laissée glisser sur le premier segment de Voie Verte, découvrant le château de Bénouville, impeccablement entretenu, puis le Pegasus Bridge, flanqué de deux cafés qui ne manquent jamais d’être bondés de moustachus en uniformes et d’anglaises apprêtées.

Le château, ses environs luxuriants et La Trottineuse, un début tout en feuillages

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Nous bifurquons alors à l’Est, pour découvrir les chemins encore inconnus menant à Cabourg, si le vent nous porte. Mais le départ ayant été tardif, nous ne pousserons en réalité pédales et pieds que jusqu’à Merville-Plage. Un tour d’échauffement de 40km ! L’ambiance venteuse et lumineuse nous révèle des rivages de l’Orne sauvages, bleutés et terreux, car le fort courant qui l’anime charrie des litres de glaise entre les herbes. Au retour, nous croiserons sur ces terres un chasseur qui nous surprendra par ses coups de fusil, et c’est le coeur battant que nous piquerons un petit sprint d’échappée, craintives de passer pour de petites oies blanches !

Tarmac Terror trace sur le rivage, là où retentiront les tirs…

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Premières et uniques côtes sérieuses en vue d’Amfreville, je finis en courant à côté du footbike, tandis que Julie passe en danseuse en explosant le record de grimpette du jour. Nous sentons que la mer est proche, mais ne la voyons pas encore, et la Voie Verte ayant été déviée, nous naviguons alors à l’instinct. Nous ne sommes pas mécontentes de profiter d’une descente de 3 km entre village et forêt, où je qualifie l’usage de mes lunettes anti-crash d’insectes « d’indispensable ». Je ne sais pas comment Tarmac Terror a fait, mais il lui arrive aussi de dire « je passe entre les gouttes ».

La récompense de cette première partie d’exploration est magnifique. Nous avons une vue en hauteur de la Manche, habillée d’une lumière d’orage et de petits bateaux, et sommes accompagnées d’ovins et bovins sereins, nullement sensibles à nos exclamations admiratives.

De plus en plus convaincues que la paire vélo / kickbike fonctionne, à ce rythme en tout cas, nous avançons droit vers l’eau, car au loin dans le ciel s’agitent des voiles multicolores qui nous intriguent. Nous voici vite engoncées entre bras de marée (dont nous ignorons si elle est ascendante), dunes de ronces et de sable mou, et signes indiscutables qu’il doit y avoir une plage praticable un peu plus loin.

 Dans les dunes, entre les ronces et l’eau…

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Rapidement, nous réalisons que le temps est compté, et qu’il serait sans doute bête de tenter la traversée en baskets, vélo et pédicycle sur le dos. Nous poussons donc en longeant les ronces, jusqu’à retrouver chemin praticable vers un petit troquet parfaitement placé où nous mangeons les victuailles préparées le matin.

Les derniers pas avant le paysage dont nous profitons en mangeant, nous pensons à la Bretagne !

 

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L’équipe infernale !

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Malgré un vent de face qui nous ralentit considérablement, nous ne tarderons pas à trouver un tronçon de Voie Verte évité en sens inverse, qui nous mènera agréablement, soleil de fin d’après-midi de face, de retour à Caen.

Ce fut donc une très belle sortie, durant laquelle j’ai pu constater que des pneus gonflés dans les règles de l’art changeait considérablement la donne, ce qui m’a sans doute permis de soutenir le rythme de conversation effréné de Tarmac Terror – sa véritable botte secrète (merci pour ces bons moments).

Tout ceci confirme les prochaines virées en prévisions sur le littoral, en passant à quelques jours d’affilée, afin d’avoir une meilleure idée d’un kilométrage moyen à la journée.

Stay tuned :)

12 (Thanks, keep going !)